Les moulins de l'Hers vif supérieur
Au delà des aléas historiques et administratifs qui ont pu les séparer, les quatre villages du petit plateau d’Aillon à 1200 m d’altitude (Prades – Montaillou – Camurac – Comus) ont constitué une vraie terre de moulins.
Sur le plan hydrographique, ce petit plateau bénéficie du bassin de réception de l’Hers vif.
Celui-ci prend sa source à la fontaine du Drazet. Il reçoit ensuite les eaux du Rieufred (ruisseau froid) légèrement en amont de Prades, puis plus bas, à la Joncasse, reçoit les eaux du Rieutort (ruisseaux tortueux) en provenance de Montaillou.
Il passe ensuite à Comus puis s’engouffre dans les gorges de la Frau.
Ce qui caractérise ce bassin est l’irrégularité du réseau : grandes eaux à la fonte des neiges, à sec pendant l’été. L’homme, laborieux et ingénieux, a capté le précieux liquide en installant les moulins en batterie ou en série tout le long des rives.
L'histoire des moulins
A l’époque féodale, il n’y avait pas de moulin sur le plateau.
Les habitants de la contrée devaient aller faire moudre leur grain au moulin comtal d’Ax à Ax-les-Thermes, et tout cela à dos de mulet.
Ce n’est qu’au début du 15ème siècle (1445) que furent édifiés deux moulins : un à Montaillou et l’autre à Prades. Propriété du seigneur, les habitants étaient tenus de s’y rendre et le comté de Foix prélevait la moitié de la mouture.
A la fin du 16ème siècle les moulins n’appartenaient plus au Roi (ou au comte).
Au 17ème siècle les moulins prolifèreront, et pour ce qui concerne Prades, il y aura les moulins de l’Oste, d’Abail, del Fray, de Dijous et d’Amount.
Les premiers moulins étaient des moulins farineux. Pour le sarrasin, le seigle, l’avoine et le blé noir, chaque famille portait au moulin de 13 à 16 setiers par an de divers grains (1 setier représente 76 litres) sur lesquels le meunier prélevait le seizième.
Ils ne tournaient que six mois par an, fonctionnaient par saccades. Le travail cessait chaque fois que le réservoir était vide.
Les moulins de Prades ne permettaient pas de faire face aux besoins et certains habitants devaient parfois se rendre au moulin du Bosc (à Montaillou) ou a moulin du Pas (à Camurac)
Les petits moulins de la terre océane, propriété de familles paysannes, étaient exploités par elles.
Aux différents moulins situés sur le Rieufred se sont associés des moulins à scier, souvent en dérivation, alimentés par un canal particulier et leur propre retenue d’eau (la basse).
Il y eut pendant très longtemps une grande activité autour de ces petits moulins.
Aujourd'hui...
De nos jours, il ne reste pour certains qu’un monticule herbeux, pour d’autres des ruines encore visibles qui méritent notre attention.
L’association PCHP souhaite dégager le moulin d’Abail de sa végétation envahissante et peut-être mettre en valeur ces ruines attachantes.
Nous souhaiterions également créer un petit chemin des moulins permettant d’arriver jusqu’aux moulins d’Amount ou du Rieufred, lequel conserve encore sa chambre du Rodet (roue en bois qui actionnait la meule).